Daudet, maître à penser ?
10 et 11 juin 2022 à Fontvieille (Provence)
Colloque organisé par l’association des Amis d’Alphonse Daudet
L’écrivain réaliste – depuis Balzac – joue le rôle de déchiffreur du monde, donnant des clés de lecture et des modèles de vie. Daudet compose son œuvre à une époque où le personnage de l’intellectuel n’a pas encore affirmé sa prééminence. Il a été très tôt conscient de ses « responsabilités morales », et Bourget le cite d’ailleurs dans la préface du Disciple.
Il peut sembler paradoxal néanmoins de considérer Alphonse Daudet comme un maître à penser. Son œuvre est traversée par le scepticisme, sa diplopie l’amène à voir constamment les choses et leur envers. Il n’a jamais voulu s’engager, manifestant une constante méfiance à l’égard de la politique. Le seul rôle qu’il aurait voulu revendiquer est celui de « marchand de bonheur ».
Pourtant l’école républicaine a fait de lui l’un de ses porte-paroles. Elle retrouvait ses valeurs dans une œuvre qu’elle donnait à lire dans l’enseignement primaire et secondaire. Daudet a incarné une certaine forme de patriotisme, un régionalisme réconcilié avec les valeurs nationales, un intérêt pour la culture classique.
De l’œuvre de Daudet se dégage une morale pratique, et par là accessible à tous les publics. Défiant envers tout système, l’écrivain reste fidèle à l’écriture des moralistes en adoptant les raccourcis sous toutes leurs formes. À la fin de sa vie, ses positions se raidissent et il subit le fort tropisme du roman et du théâtre à thèse.
Mais Daudet fut un maître à penser bien particulier qui ne renonça jamais à la distanciation : sourire et ironie.
Il serait intéressant de confronter l’exercice de ce « magistère » à celui de ses contemporains romanciers, dramaturges (Zola, Les Goncourt, Dumas fils, Bourget, Coppée, etc.). Il faudrait aussi envisager l’influence sur Daudet des écrivains et des philosophes, ses maîtres à penser ou ses repoussoirs (Montaigne, Schopenhauer).
On peut aussi s’interroger sur les limites d’une pensée, souvent accusée d’être un peu courte et trop petite bourgeoise, notamment dans ses considérations sur la famille.
Le colloque s’attachera notamment à étudier :
– la confrontation avec les écrivains de l’époque, le positionnement avec leurs successeurs
– la formation intellectuelle et morale de l’écrivain
– les valeurs défendues par Daudet ou celles qu’on lui attribue.
– les personnages porte-parole et repoussoir dans les domaines de l’art, de la politique, de la littérature
– les procédés d’écriture spécifiques : dispositifs romanesques, recours aux formes brèves, etc.
Les communications de 25 mn environ seront à présenter par oral (en présentiel ou en distanciel) ; les textes seront publiés dans la revue de l’association Le Petit Chose.
Les propositions de communication sont à adresser pour le 1er novembre 2021 à
Anne-Simone Dufief anne.dufief@univ-angers.fr et à Gabrielle Hirchwald gabrielle.hirchwald@univ-lorraine.fr.